Transhumance sans conflit : comment y parvenir dans la zone Est du Tchad

L’élevage est l’un des secteurs clés de l’économie tchadienne. La transhumance, qui consiste à faire migrer les troupeaux de bétail d’une province à une autre ou à l’intérieur d’une même province en fonction des saisons, est une pratique courante dans ce domaine. Toutefois, cette pratique peut causer des frictions entre les éleveurs et les agriculteurs, notamment lorsque les troupeaux se répartissent dans les zones cultivées. D’après mon expérience sur le sujet et les témoignages des transhumants eux-mêmes, nous suggérons les mesures suivantes afin de prévenir de tels conflits et de favoriser une transhumance pacifique.

Baliser les couloirs de transhumance officiels

D’après les témoignages des éleveurs, les couloirs de transhumance sont de plus en plus étroits et parfois même utilisés pour l’agriculture. Afin de protéger les passages empruntés par les animaux, il nécessaire de prendre la mesure consistant à baliser les anciens couloirs et à en créer de nouveaux. Il est primordial que cette mesure soit mise en place en collaboration avec les éleveurs, les agriculteurs et les autorités locales pour éviter les conflits et les dégâts.

Délimiter les points de stationnement et les airs de pâturages

Dans certaines zones de l’Est, les transhumants se plaignent de l’absence de points de stationnement, ce qui les oblige à parcourir de très longues distances sans se reposer. La délimitation des points de stationnement et des aires de pâturage consiste à créer des espaces spécialement dédiés au repos des animaux lors de la transhumance, en veillant à ce qu’ils disposent de nourriture pour les bétails. Cette mesure aide les éleveurs à mieux prendre soin de leur bétail et, par conséquent, à avoir une meilleure production.

Construire des ponts sur les principaux cours d’eau

Pendant la saison des pluies, les éleveurs de la zone Est et Sud-Est rencontrent des difficultés pour traverser les grands cours d’eau de ces zones. Chaque saison, plusieurs centaines d’animaux se noient dans ces cours d’eau, et parfois même des personnes. Pour éviter les pertes d’hommes et des animaux et que les troupeaux ne passent pas à travers les zones cultivées, il est nécessaire de construire des ponts sur les cours d’eau principaux tels que le Bahr Azoum, le Batha et autres.Cette mesure permettra de faciliter le passage du bétail et d’éviter les pertes d’animaux et les conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Créer et aménager des points d’eau

Un des problèmes de transhumance est les points d’eau. Selon les témoignages des transhumants, les passages menant aux points d’eau pour les bétails sont souvent obstrués par des cultures rendant difficiles les passages des animaux qui partent s’abreuver. En effet, lorsque les troupeaux sont constitués d’une importante tête d’animaux, les risques de dévastation des champs sont énormes, causant des conflits entre les agriculteurs et éleveurs. L’aménagement des voies menant aux points d’eau et l’utilisation des techniques telles que la construction de puits, de réservoirs et autres installation sur les couloirs permettra de réduire considérablement les conflits autour de ces points très importants pour les hommes et les animaux.

Créer un mécanisme de prévention de conflits et de sensibilisation

Prévenir à temps les risques de conflits et la sensibilisation sont, pour moi, les seuls moyens efficaces pour éviter les conflits, aider à la prise de conscience et provoquer un changement de comportement. Une sensibilisation régulière des agriculteurs et des éleveurs en faveur d’une
cohabitation pacifique et d’une vie commune contribue au règlement pacifique des conflits en évitant la violence. Les autorités locales devraient observer une neutralité absolue dans la gestion de ces conflits et prendre des mesures pour encourager une collaboration constructive entre les différentes parties prenantes.

En somme, ces propositions ne sont pas exhaustives car il en existe d’autres aussi qui aident à mieux prévenir et gérer les conflits relatifs à la transhumance au Tchad en général et dans la zone Est en particulier.